Tu te rend compte de tout ça?

De l'équilibre. Une ligne tracée. Je marche.
Elle s'arrêtera dans deux mois. Franchement je flippe. Je ne sais pas où je vais. Ça fait 5 ans qu'on en parle. Hein Tutu. Tawi. Claire. Iza. Stess. On pensait que ce moment arriverait jamais. Jamais, c'est dans longtemps. Pas vraiment jamais, mais loin. Tellement loin, qu'on s'en fiche. "Tu fera quoi?" J'en sais rien. Je voulais m'engager dans l'armée. Genre vraiment vraiment. Je voulais y trouver de la fierté - "Papa, regarde où je suis. Regarde qui je suis". "Quelqu'un".
J'ai pris un chemin tellement différent, mon dieu, mon dieu. Et je suis pas ça souvent, "mon dieu". Mais j'y pense, c'est un peu émouvant. J'avais des problèmes tellement pathétiques au collège.

J'arrive en sixième, j'apprends que mes amies de la primaire m'ont lâché, elles ont fait une boom sans moi.
En cinquième, merde je n'ai plus que 16 de moyenne générale.
En quatrième, mes cheveux sont pas assez longs pour me faire remarquer par quelqu'un qui me plaisait.
En troisième, on profite des derniers 20 en maths qui me tombaient sous le nez.
Mais d'un côté, j'y étais au collège. Et je débarque au lycée.
Je crée la rupture, j'me coupe les cheveux. Lui, il redouble alors j'le dégage. J'avance, sans lui.
On passe la seconde, au sens propre comme au figuré.
J'arrive en première "Une classe de cons" je dis. Et j'y fais ma plus belle rencontre.
En terminale, je suis perdue sans Lui.

Ça vous est arrivé, d'être en CP, et de lire des copies ou y'a écrit "Mélanie X - classe de CM2" et d'être impressionné? Ça vous arrive d'être en seconde, de lire des copies "Romain Y - classe de terminale" et d'être impressionné? Ça vous arrive d'envoyer votre dossier scolaire à la Sorbonne, avec des timbres Cartoon "Bip Bip et le coyote" histoire de vous rappeler qui vous êtes vraiment?

Je l'ai répété tellement de fois... Je ne suis pas une femme. Je n'aurai pas 18 ans en juillet, et je n'irai pas dans une université prestigieuse en Septembre. Je ne peux pas être tout ça. Même si je sais que c'est ce qu'il y a a la fin du chemin, même si j'avance...Même si je me lève tous les matins pour ça. Pour vieillir et découvrir la vie. Toutes ses merdes et ses merveilles. Et je sais que y'en a. J'en vois une tous les matins.

J'crois que jvais pleurer quand j'aurai mon bac. Oui, parce que j'aurai mon bac. Tout le monde parle de la fin du lycée, avec un sourire, tout le monde parle de parler, "enfin"... pas moi. J'ai cette nostalgie, qui fait que j'peux regretter chaque lieu, même le plus pourri, même celui où j'ai passé que 5 minutes. Ce lycée est pas pourri. Y'a trop de choses, trop de choses... Mon cœur, te souviens-tu, mon cœur... Ces après midi, passées à sécher au lieu d'aller en SVT, au lieu d'aller en anglais...A aller seulement 100m plus loin, sur un terrain de basket où de loin, on pouvait voir le bâtiment B, et la fenêtre du cours qui se déroulait, avec ironie.

Le lycée, c'est aussi des profs inoubliable, mais au collège aussi. Je passerai les noms, on s'en souvient tous, ou presque. Je remercierai toutes ces années, où j'écrivais mes journées dans un petit carnet. A 20 ans (mon dieu, dans deux ans) lorsque je relirais ce fameux 13 septembre 2002... Je pense que je rigolerais. Je rigolerai surement aussi, quand je lirais ceci bien plus tard, en ce jour du vendredi 3 avril 2009.

En 1999, j'étais au CP, ou en CE1. Je me souviens, je montais les escaliers dans l'école, avec ma maitresse. On était surement en octobre, on parlait de la nouvelle année. A 8 ans, je lui disais que j'avais peur de 2000, et que tout change. Je lui ai demandé si tout serait différent. Elle m'a assuré que non, et il ya une petite partie de moi qui ne l'a pas cru.